27 Jan Bali est tellement fantastique, sans plastique
Bali a longtemps souffert d’un déficit de prise en charge de ses déchets. Si j’écris cet article aujourd’hui, réjouissons-nous, c’est parce que les choses évoluent dans le bon sens.
Ayant débarqué en famille à Bali il y a plus de 10 ans, et concernés par le secteur du tourisme, nous avons immédiatement été confrontés au contraste existant entre cette nature sublime et les déchets qui, au-delà de leur toxicité potentielle, gâchaient par endroit le paysage. Combien de fois ne nous sommes-nous pas crispés à la vue d’une plage déserte où l’on trouvait pourtant trace de la présence humaine via une quantité invraisemblable de sac plastiques ou autres reliefs de notre société, plus ou moins avouables ? Il m’est arrivé de cadrer mes photos pour ne plus voir ces encombrants détritus,… Je pense que mon esprit, lui-même, avec l’habitude, avait fini par « photoshoper » mentalement les endroits abîmés.
Nous n’avons jamais jugé ou blâmé les habitants, partant du principe que toute personne qui consomme (surtout il y a 10 ans) produit des déchets, déchets dont il faut bien se débarrasser… Que pouvaient faire les villageois, les habitants des montagnes, tous ceux vivant dans les régions les plus reculées et non desservies par un service de ramassage, sinon balancer leurs poubelles dans les rivières ? Ne les voyant plus jamais revenir, ils pensaient que c’était le signe d’une opération réussie, rondement menée. Qui ne l’aurait pas cru ?
Ce qui n’était pas jeté loin du regard était brûlé : plastiques, pneus, papiers, bois, feuilles, sans distinction aucune (si ce n’est à l’odeur). Comment imaginer, qu’une fois devenues invisibles, de petites particules mortelles en suspension allaient se poser sur les rizières, juste à côté, entrainant son lot de cancers au sein de la population ? Tout au mieux demandait-on poliment aux voisins que la fumée ne dérange pas et les ordures étaient brûlées la nuit.
En Europe, il a fallu des années d’éducation, de messages, de coercition, pour que nous prenions conscience de l’impact que nos déchets ont sur la nature. Il était donc normal que cela ne se fasse pas du jour au lendemain à Bali. Nous, les êtres humains, vivons toujours plus ou moins dans le déni tant que nous ne sommes pas la tête dans le mur, nous sommes ainsi faits, pour la plupart. Il a donc fallu des années d’images percutantes, de réflexion, et une menaçante vague médiatique, pour que le virage s’opère enfin et que les mentalités changent.
Nous-mêmes, avons mis un certain temps à comprendre comment fonctionnaient les choses sur l’île. Nous pensions trier : nous faisons des tas de plastiques, des tas de verre, des tas de papier et nos ordures disparaissaient. Affaire classée. Lorsqu’un jour, nous avons remarqué que la responsable qui emmenait les déchets (où les emmenaient-ils d’ailleurs ? Quelle personne suit ses déchets pour savoir où on les emmène ?) rassemblait tous nos petits tas triés en un seul gros tas dans un camion, et disparaissait. Il devait nous prendre pour des originaux ou des fétichistes des ordures ménagères.
Puis, un jour, naquit les initiatives privées, non gouvernementales d’abord, dont « Eco Bali », association de tri et de recyclage à laquelle nous nous sommes immédiatement abonnés, « Bali green bambou » (qui vend des pailles en bambou pour délivrer Bali du fléau des pailles en plastique), « Bye Bye Plastic bag », un mouvement lancé par 2 adolescentes balinaises…
La mécanique était lancée et l’état a fini par embrayer. Les camions de ramassages et les poubelles ne cessent de se multiplier et, enfin, le 24 décembre 2018, le gouverneur de Bali, Wayan Koster, annonçait l’interdiction pure et simple du plastique à usage unique en 2019, ce qui vise plus spécifiquement la styromousse (pour emballer les repas), les sacs en plastique ou les pailles en plastique.
En conclusion, l’avenir n’a jamais été aussi vert et ouvert pour la belle île de Bali et l’un de mes prochains articles évoquera sans doute très prochainement… un paradis retrouvé.
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